Attention à la présence de cailloux sur de nombreuses routes de notre canton car nos falaises de calcaire sont très friables .
« Chacun sa route, chacun son chemin, chacun son rêve, chacun son destin ,…»
« La route est contraste, la route est paradoxe qui irrigue le monde et fractionne les territoires. On la loue souvent car elle est l’image même de la liberté. On la remercie car elle apporte l’aventure et le rêve. On l’emprunte de plus en plus sans vraiment savoir à qui. On l’attend car elle serait synonyme de développement. On s’en méfie car elle apporte le changement. On l’aime dans des corps à corps sensuels où « on la prend » pour d’autres horizons... On la redoute et on la craint quand elle tue. On l’exorcise à coup de chapelets, de médailles de saint Christophe. On la suit souvent car elle mènerait à Rome... On la perd aussi comme un chemin. On peste contre elle quand elle charrie les nuisances. On atteint rarement le bout. » (Luc Gwiazdzinski, géographe)
L’aventurier du chronomètre n’a souvent plus qu’une idée en tête : arriver le plus vite possible à destination. Le parcours s’est peu à peu effacé au profit de la destination comme si le territoire traversé n’avait plus d’importance. L’avènement rapide du GPS supprime les raisons de se perdre et les contacts fortuits avec les autochtones, le territoire traversé se limite aux seuls arrêts imposés en stations-services !
Les médias nous matraquent de messages sur l’insécurité routière, les encombrements, les pirates et barbares de la route. On nous explique qu’elle coûte cher en vie humaine et en pollution. On pointe son impact négatif sur les écosystèmes, le paysage, la santé et le réchauffement climatique...
Au quotidien, la route est également devenue le symbole de la routine et des épuisantes migrations domicile-travail. On s’y sent de plus en plus encadré surveillé et contrôlé par les caméras, les radars ou les forces de l’ordre.
La route n’est pourtant pas qu’un ruban de bitume, un simple réseau technique capable de nous mener en toute sécurité d’un point à un autre. ! C’est aussi un monde habité et peuplé. Sauf à œuvrer dans les services de l’Equipement ou à faire partie des patrouilleurs de l’autoroute, il y a peu de chance que nous soyez obligés de suivre ces chemins de traverse, de longer à pied le fleuve automobile. (Avec une espérance de vie de 20 minutes en moyenne au bord d’une autoroute, c’est sans doute une bonne chose !)
Il existe pourtant quelques situations qui nous poussent à faire ce pas de côté et nous entrainent au bord des routes. Pour le meilleur et pour le pire. Arrêt obligé : La panne est l’un de ces moments. Planté au bord de la route, on ressent physiquement le décalage entre la vitesse des véhicules et sa propre vitesse, réduite, limitée. Décalage renforcé par le bruit des véhicules qui s’approchent et qui s’éloignent, l’odeur des gaz d’échappement … Puis on finit par trouver son propre rythme, à philosopher en attendant le dépannage...On rêve, on observe…
Le bord de route est une déchetterie en plein air, un miroir qui nous renvoie la pire image de notre société de consommation. L’herbe est noire d’un mélange de polluants, de métaux lourds et d’autres spécialités routières dont la seule énumération pourrait nous rendre malade. En contrebas, dans le fossé et derrière dans les herbes folles – quand on les laisse se développer – on retrouve un mélange peu ragoûtant : canettes de boissons gazeuses ou de bière, vieux paquets de cigarettes, mégots, couches culottes, mouchoirs en papier, restes de sandwichs… le tout dans un état de décomposition plus ou moins avancé….
Le bord des routes est aussi le lieu de l’indignation, de la contestation. « Non à l’enfouissement des déchets ! » « Oui au contournement ! Le débat est permanent. ! En période électorale, le bord des routes, les poteaux et les ponts sont envahis d’affiches où chaque candidat expose sa tête et ses promesses. Panneaux publicitaires, panneaux de circulation, Même pour les panneaux touristiques bruns, on frôle désormais la saturation... ; Et si rien de remarquable n’apparaît, reste alors à signaler les promenades en forêt et les pistes cyclables. Je dois cependant avouer une certaine tendresse pour les panneaux en bois, peints à la main « fruits à 100 mètres », « chambre d’hôte ». .. En été ils sentent bon les vacances. En hiver, ils font rêver au soleil.
Quand les voitures s’éloignent et selon les saisons on entend parfois des bruits : criquets, grillons. Dans l’herbe, on peut deviner un animal qui se faufile, lézard, merle, souris…Plus loin au second plan quelques moutons ou vaches ne s’intéressent plus guère au passage.
Chaque année, des milliers d’animaux meurent sur les routes et jonchent les bas-côtés se mêlant aux déchets !
Ne passons pas toujours notre chemin ! Arrêtons-nous un instant ! Regardons nos semblables pressés s’agiter dans les tuyaux ! De quoi réfléchir !
« Notre nature est dans le mouvement ».(Pascal)