Des habitants du Causse Méjean se mobilisent pour restaurer un moulin à vent et développer un outil de production : une micro-filière farine
Au XVIIIème siècle, le Causse Méjean était considéré comme le grenier à céréales de Lozère. Il reste de cette époque quelques tours en pierre, vestiges des cinq voire six moulins à vent transformant ces céréales en farine. Aujourd’hui, la production de céréales a très fortement diminué sur ce plateau et se destine principalement à l’alimentation du bétail.
Roger Lagrave a rédigé une histoire sur la Guerre des moulins, guerre entre les moulins à eau et les moulins à vent. (La Lozère racontée tome II - éditions Gévaudan-Cévennes La Salle Prunet - 1991). Les "chemins de la farine" empruntés par des mulets dressés, auraient été désertés, un temps, au profit des moulins à vent plus proches des champs de céréales.
Actuellement, cinq moulins sont recensés sur le Causse Méjean :
Pradal (altitude 1045 m), au-dessus de Florac, il est situé sur le sentier d'initiation de la ferme du Pradal, près de la RD 16.
A l’intérieur du moulin, plusieurs panneaux illustrent le fonctionnement des moulins à vent du causse.
Saubert (altitude 1040 m), commune de Hures, situé dans la zone cœur du parc national des Cévennes. Le sentier est bien visible de la route de Costeguison à Hures.
Rieisse (altitude 999 m), commune de La Malène. A vue depuis le hameau de Rieisse, et accessible par le chemin qui passe le long du réservoir d'eau potable. C’est une ruine bien avancée.
Aures (altitude 1060 m), commune de Gatuzières. Il aurait fonctionné près de la ferme d’Aures mais aucune trace n’en subsiste.
Le moulin à vent de La Borie (altitude 1041 m), commune de Hures-la-Parade.
Au-dessus de La Parade, on y accède en prenant la route des Avens par un sentier bien marqué.
Le 15 juin 2014, 25 bénévoles du Causse Méjean se sont réunis pour débroussailler les abords du moulin de la Borie en vue de sa restauration. Une mobilisation des acteurs locaux pour se réapproprier leur patrimoine vivant et soutenir un projet de développement économique et social sur leur territoire : la création d’une micro-filière de la farine en cycle court.
A la fin de l’année 2012, le collectif la « Toile du Méjean » s’est constitué autour de l’idée de restaurer un de ces moulins à vent.
Les habitants du Causse souhaitent en faire un outil de développement social et économique du territoire en rassemblant la population autour d’un patrimoine vivant et en développant une filière farine locale.
Le collectif a rapidement reçu le soutien de l’association le Méjean, de la commune de Hures la Parade, du Parc national des Cévennes, du Syndicat Mixte du Grand Site des Gorges du Tarn de la Jonte et des Causses et de la FRCIVAM LR (Fédération Régionale des Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural en Languedoc-Roussillon).
Le projet a connu plusieurs phases d’étude et d’animation : d’avril à septembre 2013, stage encadré par la FRCIVAM LR pour étudier la faisabilité et co-construire la filière ; d’octobre à décembre 2013, animation par le Parc national des Cévennes ; de mars à décembre 2014 (grâce aux financements Terra Rural - Europe, Région, Département - obtenus par le Syndicat mixte du Grand Site des Gorges du Tarn de la Jonte et des Causses), animation par la FRCIVAM LR et étude sur la valorisation patrimoniale du moulin (stage 6 mois).
Cette animation a permis de constituer un groupe de 8 agriculteurs pour remettre en culture des céréales panifiables (blés anciens et modernes, seigle, sarrasin, petit épeautre).
Les premiers semis ont été réalisés à l’automne 2013 et au printemps 2014 dans le respect d’une charte de production écrite avec les agriculteurs. Les récoltes seront moulues avec un moulin électrique en attendant la mise en fonctionnement du moulin à vent. La farine obtenue sera ensuite valorisée en circuits courts auprès de particuliers et de professionnels.
Des boulangers se sont montrés réceptifs au projet et attendent la première mouture pour réaliser leurs essais de panification.
Grâce aux différentes visites de moulins à vent et au travail de la stagiaire sur la valorisation patrimoniale, la réflexion sur la restauration du moulin à vent avance (plan, chiffrage, organisation de l’accueil touristique et de la mouture).
Avant cette restauration, des fouilles archéologiques seront réalisées pendant l’été 2014.